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Aout 1914

  2 août 1914 : Mobilisation générale

 Chaque régiment d'active doit créer un régiment de réserve dont le numéro est le sien plus
 200. C'est ainsi que le 19e régiment d'infanterie de Brest  crée le 219e régiment
 d'infanterie avec les soldats réservistes rappellés sous les drapeaux par le décret de
 mobilisation générale.


Commandé par le lieutenant-colonel STUHL, les 2191 soldats et 37 officiers qui composent le 219e régiment d'infanterie sont partagés en deux bataillons plus l'état-major. Le 5e bataillon est commandé par le commandant LAUREAU, le 6e par le commandant GERMAIN. Le régiment forme, avec le 262e RI de Lorient et le 318e RI de Quimper, la 122e brigade de la 61e division d'infanterie.

Le 5 août, le régiment est prêt et quitte Brest. Le premier train emmenant l'état-major et le 5e bataillon part à 21 heures 05, le second train avec le 6e bataillon à 23 heures 25. A 2 heures 38 dans la nuit du 7 août, le premier convoi arrive à Paris en gare des Batignolles, le second à 4 heures 58. Le 5e bataillon et l'état-major s'installent à Drancy tandis que le 6e bataillon va au Blanc Mesnil.
Le 219e régiment d'infanterie fait partie de la réserve générale du Camp Retranché de Paris.
Du 8 au 23 août, le temps se passe en exercices, instructions, marches et manoeuvres. Le 11 août, le régiment est passé en revue, au Bourget, par le général Mercier Milon, inspecteur des forces mobiles.

Drancy 219 ri campagne 1914 xxx alexandre aSoldats du 219e RI à Drancy (Seine Saint Denis)

Le 24 août, la 61e DI reçoit l'ordre de se tenir prête à partir. Le 219e RI se prépare et quitte Blanc Mesnil et Drancy vers 3 heures du matin, le 25 août, pour se rendre à pied à la gare de Villiers le Bel ou il s'embarque à 9 heures 30. Arrivé à Arras à 16 heures 30, le régiment va s'installer à Givenchy en Gohelle.
Le Baptême du feu n'est pas loin, on entend le canon qui tonne vers Cambrai.
Le 26, le 219e RI se rend à Plouvain ou il reçoit l'ordre de rejoindre la 61e DI qui se porte, par une marche de nuit en colonne de brigade, vers le sud en direction de Bapaume et Péronne. Il part à 23 heures, prend sa place à l'avant garde de la colonne de gauche formée par la 122e brigade et marche en direction de Combles.
A 9 heures, le 27 aout, la colonne arrive à Beugnâtre ou elle est avertie de la présence de troupes allemandes à Beugny.  Commandant la 122e brigade d'infanterie (219e, 262e et 318e RI), le colonel SCHMITZ, après quelques hésitations, décide d'interrompre la marche en avant et d'attaquer Beugny, le 219e RI attaquant par le nord-ouest avec, à sa gauche et à sa droite les deux bataillons du 318e RI. En rentrant dans le village, les hommes constatent que celui-ci est désert, les allemands sont partis mais bombardent Beugny par leurs batteries de canons installés à la ferme Delsaux située au sud-ouest de ce dernier. Deux compagnies se postent immédiatement sur les crêtes qui font face à cette ferme et tirent sur les batteries ennemies. Malgré cela, le bombardement ennemi prend de l'intensité et l'artillerie française est désespérément muette...
Vers 13 heures 30, le lieutenant-colonel STUHL s'aperçoit que les compagnies qui se tenaient à sa droite ont disparues, ordre aurait été donné à la 122e  brigade de reprendre la route. Mais cet ordre n'est pas parvenu au lieutenant-colonel Stuhl qui se retrouve seul avec le 5e bataillon plus la 22e compagnie du 6e et un bataillon du 318e RI. Au vu de la situation qui empire, il décide alors de se replier sur Bapaume ou, d'après les renseignements fournis par un cycliste, se trouverait le reste de la 122e brigade dont les 21e, 23e et 24e compagnies du 219e RI. Arrivé à Bapaume, il apprend que la 122e brigade est déjà partie depuis 2 ou 3 heures en direction de Rancourt et Sailly-Saillisel. Les 5 compagnies du 219e RI font alors une halte pour se restaurer car les hommes n'ont rien mangé depuis la veille.
Vers 17 heures 45, arrive un cycliste qui annonce que la 122e brigade livre bataille à Sailly-Saillisel. Le départ est immédiat en direction de Lesboeufs et Morval pour tenter d'intervenir par l'ouest. Mais, en cours de route, on apprend la retraite de la brigade vers le nord. La nuit tombant et ne trouvant aucun renseignement sur la position de la 122e brigade, le lieutenant-colonel STUHL décide d'aller passer la nuit à Martinpuich ou les 5 compagnies du 219e RI arrivent vers 23 heures.

Les 21e, 23e et 24e compagnies du 219e régiment d'infanterie
Combat de Sailly Saillisel - 27 aout 1914

Effectivement, vers 13 heures, le colonel Schmitz avait bien donné l'ordre de rompre le combat à Beugnâtre et de poursuivre la route sur Combles. Or, comme on viens de le voir, cet ordre n'est pas parvenu au lieutenant colonel Stuhl. Par contre, le commandant Germain, chef du 6e bataillon du 219e RI, a bien reçu cet ordre. Il quitte donc Beugnâtre avec ses 21e, 23e et 24e compagnies et prend la tête de la colonne formée par la 122e brigade.
En arrivant à Sailly Saillisel, un habitant averti la colonne que d'importantes troupes allemandes sont sur la route au sud du village et qu'elles se dirigent vers Combles. Ordre est aussitôt donné aux 262e RI, 318e RI et aux 3 compagnies du 219e RI d'occuper le village et de se porter à l'attaque de la colonne ennemie.
Le commandant Germain, à la tête de ses trois compagnies, traverse rapidement le village et positionne deux de ses compagnies au château, la troisième se postant un peu en arrière du château sous le bombardement des canons, l'ennemi s'étant aperçu de la présence des soldats français. Pendant plusieurs heures le combat fait rage et fait de nombreuses victimes.
A 19 heures, devant la supériorité numérique de l'ennemi, le colonel Schmitz ordonne à la 122e brigade de se replier vers le nord. Les survivants des 21e, 23e et 24e compagnies du 219e RI se retirent donc de Sailly Saillisel et prennent la direction de Transloy ou la 122e brigade doit se reconstituer. En arrivant dans cette localité, le commandant Germain apprend la disparition du colonel Schmitz ainsi que celles des commandants des 262e et 318e RI. Se trouvant alors l'officier le plus ancien, il prend le commandement de la 122e brigade et décide de diriger celle-ci sur Bapaume ou la colonne arrive à 22 heures. Après avoir fait évacuer les blessés, il décide de mener la 122e brigade à Arras ou il pense retrouver le reste de la 61e DI. Arrivé à 4 heures 30 dans la nuit du 28 aout, les hommes constatent que la ville a été évacuée. Le commandant Germain décide alors de pousser jusqu'à Beaumetz les loges ou les hommes vont enfin pouvoir se reposer un peu. Suite à un ordre de se rendre à Abeville, la troupe repars à midi, fait une halte à Marin qu'elle quitte à 23 heures pour se rendre à Villers l'hôpital, puis à Abeville ou elle arrive dans l'après midi du 30 aout 1914. 

Sailly-Saillisel.jpg

 

Le 28 aout, les cinq compagnies restées avec le lieutenant-colonel Stuhl recoivent l'ordre d'aller à Longueval. Trouvant ce village occupé par l'ennemi, les soldats prennent position autour et passent à l'attaque. En fin d'après midi, les hommes du 219e RI sont de nouveau isolés, sans nouvelles et sans ordres. Le lieutenant-colonel Stuhl décide alors de se rendre à Albert puis à Bouzincourt afin de retrouver des éléments de la 61e DI. Le 29 aout, ordre est donné de se rendre à Longprè dans la région d'Amiens ou se rassemble la 61e DI. Le 31 aout les cinq compagnies du 219e RI sont embarquées en train à Abancourt pour se rendre à Pontoise ou elles arrivent à 19 heures.
Le commandant Germain avec les 21e, 23e et 24e compagnies rejoint le reste du 219e RI à Pontoise le 1er septembre 1914.

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                                                                 Amiens, 29 aout 1914

C'est à Arras que nous avons été amené mardi dernier, de là, on nous a envoyé dans
un petit village ou nous avons passé la nuit. Toute la division avait été amenée la.
On comptait sur nous pour arrêter l'ennemi en attendant que l'armée du général Pau
fut formée. Après une nuit et un jour de marche nous sommes arrivés devant les
allemands. J'ai eu le baptême du feu avant-hier et je me suis trouvé dans la mitraille
pendant plus de deux heures. Tu ne saurais croire comment j'ai été heureux de trouver
un lit à Amiens. Depuis le départ je n'avais dormi que deux heures, une fois dans un
champ de blé sous des balles d'avoine, et deux heures dans une ferme. Le reste du
temps, on a marché, marché... Je ne sais pas comment les hommes ont résisté car
on a fait plus de 60 kilomètres par jour.

                                                         Sous lieutenant René Lamarque
                                              18e compagnie du 219e régiment d'infanterie

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Sources : JMO de la 61e DI, de la 122e brigade et bien sur celui du 219e RI.
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Date de dernière mise à jour : 02/07/2021

Commentaires

  • Quiniou

    1 Quiniou Le 01/08/2020

    Pour information, les soldats du 219 tombés au château ont été inhumés dans une fosse commune située dans le parc du château. Des photos allemandes de l’époque du monument en rondins de bois qui avait été placé dessus existent, j’en ai personnellement vu plusieurs. Cette tombe a ensuite été nivelée avec tous les bombardements ultérieurs. Les restes des soldats ont donc été disséminés, mais sont sûrement toujours à cet emplacement. L’emplacement du château jouxte la rue du château. En superposant des vues aériennes de l,époque et d’aujourd’hui, on peut retrouver l’emplacement du parc. Mon arrière grand père Jean Yves Barvet tombe le 27 ou le 28 doit avec ses camarades finistériens être la.
    219eri

    219eri Le 02/08/2020

    Bonjour et merci de cette information que j'ignorais et suis, bien sur intéressé par toute information complémentaire ou photo sur cette fosse.
  • Daroux Yvette

    2 Daroux Yvette Le 10/11/2012

    Merci pour ce rapport,mon père n'avait que 2 mois lorsque son père Yves LeGall a éte porté disparu le 27 Aôut. Je regrette que son nom ne soit pas inscrit sur le monument aux mort de sa ville natale.

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